Jacques Garnier

Psychanalyste 

présentera une causerie avec pour thème

Incidences du néolibéralisme sur notre subjectivité 

Le néolibéralisme s’est répandu et imprègne tout le corps social. Il postule la suprématie de l’économie et du marché sur les valeurs humaines. Et les inégalités sociales y sont souvent présentées comme naturelles. Il n’y a donc plus de mécanismes de régulation. Le marché est supposé se réguler de lui-même par ses propres mécanismes. L’intérêt particulier génère le bien commun. Et le rôle de l’état est d’instaurer la concurrence.

Aujourd’hui ce discours triomphe et nous montre ce que Lacan avait prévu dès 1972. A cette époque, après sa théorisation des quatre discours constitutifs du lien social, il avait ajouté le discours du capitaliste, dont il relie historiquement l’apparition à celle du protestantisme et du capitalisme libéral. Discours qui se caractérise par le rejet du champ du symbolique, le rejet de la castration et qui laisse de côté les choses de l’amour. Discours, dit-il, « follement astucieux, … mais voué à la crevaison. Enfin, c’est après tout ce qu’on a fait de plus astucieux comme discours. Ça n’en est pas moins voué à la crevaison. C’est que c’est intenable. Ça marche trop vite, ça se consomme, ça se consomme si bien que ça se consume ».
Cette crevaison si elle semble se rapporter au discours en question, ne s’opère pas sans produire d’abord la crevaison du sujet ce qui réduit chacun à devenir au mieux un petit entrepreneur, pris dans le même discours, au pire, un pur objet, marchandise qui sera consumée et jetée. De façon concomitante, Ce discours délétère tue le lien social et provoque l’anomie, l’isolement, le collage.

Or, le lien social est le domicile du sujet. Quelles voies ce sujet peut-il trouver pour qu’à travers son symptôme, il puisse continuer à aménager ce lieu qui lui est vital ?
Lors de cette « causerie de Roscoff », j’essaierai de montrer, que l’évolution du discours capitaliste sous sa forme néolibérale appuyée sur les techno sciences et l’idéologie scientiste, laisse de côté de plus en plus la dimension humaine de nos existences ; Lacan disait qu’il laisse de côté les choses de l’amour » et que nous nous trouvons transformés en individus étouffés par la jouissance. Or ces objets que nous propose le marché sont des objets de jouissances certes, mais ils ne sont pas à confondre avec l’objet qui cause le désir.
Ce passage du désir à la jouissance caractérise une mutation anthropologique qui se prépare depuis longtemps et qui s’accentue.

C’est à partir de la référence au grand Autre dont nous héritons à notre naissance du fait d’être plongés dans un bain de langage qui nous précède, c’est à partir de cela que nous pouvons valablement nous adresser aux petits autres. A défaut de cette référence, nous ne pouvons plus parler de politique mais d’une simple gestion des intérêts et des jouissances ce qui a pour conséquences d’exacerber les affrontements et les violences.
Nous serons étonnés que cette élaboration de Lacan prenne aujourd’hui, un tel relief. Elle permettra à chacun de prendre la mesure de ce qui nous commande aujourd’hui et aux psychanalystes de penser le cadre et le sens de leur acte lorsque les conditions de son opérabilité sont encore réunies.
Enfin cela nous conduit à apprécier l’importance d’une éthique du réel qui fait place à la vérité et non à la performance.

Le jeudi 13 avril à 19 h 30

A Roscoff, Centre Mathurin Méheut

 

 Libre participation aux frais, entrée libre

Inscription par Zoom sur demande au secrétariat de l’EPB – 02 98 30 41 98

 

Contact : Marie Hélène Le Duff, 06 70 89 44 09, mariehled0@gmail.com