Marcel Czermak est mort le 2 juin dernier. Psychiatre et psychanalyste, cofondateur de l’Association Lacanienne Internationale, et fondateur de l’Ecole Psychanalytique de Sainte Anne, il fut un éminent collègue, un maître et un ami. Il a été entre la fin des années quatre vingt dix et jusqu’à sa mort, un compagnon fidèle à notre école à laquelle il a apporté la lumière de ses élaborations. Il a entre autres, depuis 2004 conduit à Brest une présentation de malades dans le cadre de l’E.P.B. et de l’hôpital psychiatrique.
Nous devons souligner qu’il fut sans doute le seul à dégager d’une façon aussi claire entre autre pour la clinique psychiatrique, les conséquences de la découverte de l’objet petit a de Lacan. Il le fit de façon telle que cela donne à l’élaboration de la psychose une unité jamais égalée.
Marcel Czermak ne cherchait pas à briller ou à chercher les premières places. Tel un chef de bord, il avait le souci d’embarquer des matelots fiables, courageux et travailleurs. Ceux-ci revenaient de croisière en fin connaisseurs de la mer, des courants, sachant naviguer et surtout sachant aussi qu’ils ne savaient pas grand chose.
Marcel Czermak avait un vif souci de la transmission mais il savait que cela passait plus par le compagnonnage que par de grands rassemblements. Ceci était présent aussi dans ses écrits .
Pourtant fulgurants, ils éclairent la pratique de ceux qui se donnent la peine de les lire. Ceux qui travaillent près de ceux que l’on appelle les fous, qu’ils soient dans les institutions, les hôpitaux, les prisons, tireraient un grand bénéfice à le lire. Passions de l’objet, Patronymies, La navigation astronomique, passage à l’acte et acting out, sans compter les nombreux
articles et enfin, le dernier livre qui fait aujourd’hui figure de testament « Traverser la folie, entretiens avec Hélène l’Heuillet ».
Marcel n’entendait pas entretenir le feu de querelles intestines, il procédait comme avec ses patients, il établissait et étudiait soigneusement le verbatim et se faisait ainsi une idée précise de ce qui est en cause.
Ce fut à son initiative que Jacques Lacan commença son dialogue avec les internes de l’Hopital Sainte Anne et cela le conduisit à la présentation clinique.
Nous aimions Marcel Czermak pour sa sensibilité, sa simplicité, sa vivacité, sa rugosité et son amicale attention.
Fidèle à son premier prénom: Meir (lumière) et à son sens de la navigation, il fut sans doute celui avec lequel nous apprenions le plus dans l’humilité et celui qui forma de nombreux élève.
Jacques Garnier