Le désir n’existe que tant qu’il y a du langage, tant que nous sommes habités par ce langage. Si nous distinguons entre besoin et désir, c’est bien parce que la demande d’une satisfaction de nos besoins se fait à partir de cette articulation qui nous est propre, celle qui se produit au passage d’un signifiant à un autre et qui produit un effet, effet du ratage, du trouage. C’est de cet effet que Jacques Garnier, fondateur de l’Ecole psychanalytique de Bretagne, nous a parlé en mai 2011 à Plougonvelin, lorsque empruntant le terme de Lacan, il en appelait à un : « Désir décidé ». Ce désir décidé nous permet, depuis 15 ans maintenant, de travailler ensemble, d’inventer au quotidien ce qu’il en est du texte, de la texture, de ce tissage qui est au travail sur le métier du psychanalyste. Il nous permet de forger des chemins de la réflexion et de la logique et de nous confronter avec le Réel que Lacan inscrit comme un rond parmi d’autres noué dans une constellation borroméenne c’est-à-dire autour du trou. En 2010, il y a un an, l’Ecole a mis en place un nouveau dispositif que, dans son rapport moral et d’orientation, Jacques Garnier a nommé une passe. Celle-ci nous confronte avec le manque dans l’Autre et se traduit par une modification institutionnelle : Les orientations et la direction de l’Ecole relèvent désormais du travail du Cartel de Direction. L’Association pour une Ecole est chargée de la mise en œuvre de ces orientations et de la bienveillance quant à la vie du groupe. Elle est dirigée par un ou une président(e) et un ou une vice-président(e) élus pour deux ans. L’ensemble de ce dispositif vise à favoriser le transfert de travail suivant l’orientation du discours analytique et du Réel qui l’anime. Dans le souci d’accentuer la lisibilité d’un tel dispositif, « la transversalité » favorisera les confrontations et la mise en place de nouvelles modalités de travail. Car, s’il n’y a pas de véritable formation du psychanalyste, l’indispensable expérience de la cure ainsi que le travail d’élaboration clinique et son incessante reprise sur le métier du tisseur, les efforts d’une mise en commun des travaux analytiques permettent à l’analyste de s’autoriser de lui-même mais pas sans quelques autres. Finalement, qu’est-ce qui nous unit au sein de notre Ecole Psychanalytique de Bretagne, membre de l’Association Lacanienne Internationale, si ce n’est l’effet de ces efforts, du plaisir à assumer le devoir d’un enseignement psychanalytique à la fois rigoureux, juste et partagé ?

Brest le 11 juin 2011 Patricia Le Coat