Qu’est-ce qui permet de dire que des journées d’étude sont réussies ? Peut-être s’agissant de journées sur l’enseignement de la psychanalyse, une certaine convergence de leur style et de leur objet. Or ce qui spécifie l’enseignement de la psychanalyse c’est précisément un savoir qui est marqué par le signifiant et qui du coup, se trouve confronté à son point de vérité qui objecte au savoir et qui le décomplète. La gageure étant d’opérer dans l’approche même de l’enseignement cette rencontre avec ce défaut structural. Ce qui engage un style puisque à chaque pas, ce savoir se positive et a tendance à se refermer. Seulement voilà, l’objet que Lacan nous a mis au creux de la main, l’objet « a » nous échappe c’est même sa nature que d’être hétérogène au savoir. Si peu que dans un enseignement comme ce fut le cas dans celui de Lacan, peut se mettre en acte cette tension, alors le travail devient effectif au sens de l’acte car il porte à conséquence et le sujet lui-même s’en trouve modifié. C’est ce qui s’enregistre des effets de nos journées de l’Aber-Wrac’h ; ceci étant repérable aussi bien dans les cures que dans le fonctionnement de groupes de travail. A l’aube du dixième anniversaire de notre école, et dans un contexte tourmenté quant aux liens sociaux et à la place de la psychanalyse dans la cité, il me paraît essentiel de garder le bénéfice de ce franchissement et d’en faire valoir la vérité. Une école de psychanalyse est un lieu où un tel enseignement peut se construire et où la dimension collective liée au transfert de travail a cette fonction de permettre à chacun de se tenir sur ce bord, seul lieu qui permette de ne pas obstruer la faille constitutive de notre subjectivité. C’est aussi un lieu de résistance où la lecture de toutes les opérations d’obstruction de cette faille peut s’opérer et donner à conséquence pour ceux qui le veulent.
Jacques Garnier 1er Juillet 2006